Depuis une semaine, une cinquantaine d’usines ont dû suspendre leur activité en raison des manifestations.
Depuis une semaine les salariés du textile au Bangladesh se mobilisent pour demander de meilleurs salaires, comme ici le 10 janvier à Dacca. MOHAMMAD PONIR HOSSAIN / REUTERS
Des milliers d’ouvriers du textile au Bangladesh, qui confectionnent des vêtements pour les enseignes d’habillement mondiales, ont débrayé dimanche 13 janvier et manifesté pour réclamer de meilleurs salaires. Cette nouvelle action s’inscrit dans le cadre d’un mouvement commencé il y a une semaine.
« Les ouvriers ont dressé des barricades sur l’autoroute, nous avons dû les faire partir pour faciliter la circulation, a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable de la police, Sana Shaminur Rahman. Jusqu’à présent 52 usines, pour certaines importantes, ont cessé leur activité à cause des manifestations. »
La police a affirmé avoir utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour disperser la foule d’ouvriers en grève à Savar, un faubourg de Dacca où s’était produit l’effondrement du complexe textile du Rana Plaza, l’une des pires catastrophes industrielles au monde, qui avait tué plus de 1 130 personnes en avril 2013.
Le dirigeant syndical Aminul Islam a accusé les propriétaires des usines de recourir à la violence contre les grévistes. Les ouvriers mobilisés depuis une semaine « sont plus unis que jamais », a-t-il dit à l’AFP, estimant qu’ils « ne quitteront pas la rue tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites ».
Un salaire minimal de 83 euros par mois
Les salaires minimaux pour les ouvriers les plus mal payés ont augmenté d’un peu plus de 50 % ce mois-ci, pour atteindre 8 000 takas (83 euros) par mois. Mais les ouvriers intermédiaires se plaignent de n’avoir eu qu’une augmentation dérisoire au regard de l’augmentation du coût de la vie, notamment celui du logement.
> Dimanche soir, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires pour ces derniers, après une rencontre entre dirigeants d’usines et syndicats. Tous les syndicats n’ont pas dit s’ils soutenaient l’accord. Babul Akhter, un responsable syndical présent à la réunion, a estimé que l’accord devrait satisfaire les grévistes. « Ils ne devraient pas le rejeter, et devraient calmement retourner au travail », a-t-il estimé.
> L’économie du Bangladesh, pays de 165 millions d’habitants, repose largement sur l’industrie textile. Des millions d’ouvriers sont employés à bas coûts dans près de 4 500 ateliers, fabriquant à tour de bras des vêtements pour les distributeurs occidentaux comme H&M, Primark, Walmart, Tesco, Carrefour et Aldi. Les 30 milliards de dollars d’exportations du secteur textile représentent 80 % des exportations totales du pays.