L’écrivain britannique V.S. Naipaul, auteur de plus de trente ouvrages, est mort à l’âge de 85 ans.
Il était qualifié de peintre du déracinement des petites gens et des empires déclinants. Vidiadhar Surajprasad Naipaul est mort à 85 ans, a annoncé sa famille samedi. « Il était un géant dans tout ce qu’il a accompli et il est mort entouré par ceux qu’il aimait, ayant vécu une vie pleine de créativité merveilleuse et d’initiative », a déclaré sa femme, Lady Naipaul, dans un communiqué.
« Écrivain cosmopolite »
Né le 17 août 1932 dans les Antilles britanniques, à Port of Spain, la capitale de la Trinité, d’une famille d’immigrés indiens, il avait étudié la littérature anglaise à l’université d’Oxford – où il rencontra sa première femme, décédée en 1996 – avant de s’établir en Angleterre en 1953. Titulaire de nombreux prix, dont le prestigieux Booker Prize (1971) britannique pour « Dis-moi qui tuer », il a été anobli par la reine en 1990.
L’auteur de plus de trente ouvrages avait consacré une grande partie de sa vie à voyager et était devenu un symbole du déracinement dans la société contemporaine. En lui décernant le prix Nobel en 2001, l’Académie suédoise avait qualifié V.S. Naipaul d' »écrivain cosmopolite » et « tourmondiste littéraire ».
L’une de ses oeuvres majeures est son autobiographie « Une maison pour Monsieur Biswas » en 1964, où le héros emprunte les traits du père de l’écrivain. A travers ce livre, il décrivait la difficulté pour les immigrants indiens dans les Caraïbes de s’intégrer dans la société tout en conservant leurs racines.
Un auteur au franc-parler
En 1998, il livrait « Jusqu’au bout de la foi », après avoir refait, apaisé, le voyage qui l’avait conduit, dix-sept ans auparavant, dans les quatre pays musulmans non arabes (Indonésie, Iran, Pakistan, Malaisie) qui avaient inspiré le fiévreux « Crépuscule sur l’Islam, voyage au pays des croyants ». Il y décrivait les pays post-coloniaux comme des sociétés « à moitié faites » et soutenait que l’islam réduisait à l’esclavage et tentait d’éliminer les autres cultures.
Réputé pour son franc-parler, il était connu pour rompre facilement avec ses connaissances: « Ma vie est courte. Je ne peux pas écouter des banalités », disait-il. Son ire se manifestait à l’encontre de multiples sujets: de la corruption du pouvoir politique indien en passant par le comportement, cynique selon lui, de l’Occident envers ses anciennes colonies et le culte de la personnalité dans « Le retour d’Eva Peron » (1980).
Il n’avait pas hésité à comparer l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair à un pirate à la tête d’une révolution socialiste et dénigrait les romancières qu’il qualifiait de « sentimentales ». « Les femmes écrivains sont différentes, elles sont très différentes. Quand je lis une partie d’une oeuvre, en un ou deux paragraphes, je sais si c’est écrit par une femme ou un homme. Je pense (que leur travail) n’est pas égal au mien », avait-t-il affirmé au quotidien anglais London Evening Standard.